Sur le terrain d’Akassimé, des centaines de militants, arborant banderoles et drapeaux, ont répondu à l’appel des leaders d’opposition et des organisations de la société civile (OSC) . Le meeting a débuté, avec une minute de silence en hommage à ceux qui ont payé de leur vie leur engagement pour le changement au Togo.
Vers une contestation nationale de la 5ᵉ République ?
Face à la foule, les figures de proue de l’opposition et de la société civile ont pris tour à tour la parole. David Dosseh, du Front Citoyen Togo Debout (FCTD), a donné le ton.
« Cette constitution est une manœuvre pour ouvrir un boulevard à la présidence à vie, à la monarchisation du Togo », a pointé le Professeur en traumatologie. Très critique, il a dénoncé « une forfaiture construite sur des contre-valeurs », et pointé du doigt la mauvaise gouvernance et la corruption endémique.
Pour Me Dodji Apevon, président des Forces Démocratiques pour la République (FDR), l’heure est à la mobilisation nationale contre la 5e République.
« Ce meeting n’est qu’un début. C’est le lancement d’un mouvement d’ampleur pour stopper cette 5ᵉ République », a-t-il dit. L’opposant a également révélé la mise en place d’une charte de conduite commune à l’ensemble des partis et OSC opposés à la nouvelle constitution, appelant d’autres forces à rejoindre ce cadre de lutte.
Brigitte Kafui Adjamagbo Johnson, figure de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMP), était également au rendez-vous d’Akassimé. Elle a pris la parole pour réaffirmer son engagement contre ce qu’elle qualifie de « hold-up institutionnel ».
Pour sa part, Me Zeus Ajavon a salué la foule et la diaspora, soulignant le rôle de cette dernière dans la dynamique contestataire. « Nous sommes vent debout jusqu’à la victoire finale », a-t-il martelé.
Jean-Pierre Fabre dénonce un « régime hyper-présidentiel »
Jean-Pierre Fabre, leader de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), a, quant à lui, attaqué la légitimité même du texte adopté par l’Assemblée nationale.
« Cette constitution est le produit d’un parlement dont les mandats étaient expirés. Le peuple n’a jamais été consulté. Nous avons affaire à un régime bâtard », a-t-il déclaré.
L’ancien candidat à la Présidence togolaise a dénoncé un système où l’Assemblée est « affaiblie » au profit d’un exécutif renforcé. « La 5ᵉ République n’est qu’un habillage pour une dictature personnelle et militaire », a-t-il ajouté sous les applaudissements nourris des militants.
Des mobilisations entravées
Si la mobilisation a été remarquable à Akassimé, les organisateurs ont dénoncé l’interdiction d’accès infligée à plusieurs groupes de militants, bloqués sur les routes menant à Lomé, notamment depuis Aného, Baguida et Tsévié.
Pour les opposants, l’objectif reste clair : obtenir un retour à la Constitution de 1992, symbole d’un régime présidentiel limité et d’une alternance politique possible. La charte commune, signée début mars, vise à structurer la contestation à travers une série d’actions de terrain, dont des manifestations à venir dans plusieurs villes du pays.
Dans un climat marqué par la tension et la méfiance vis-à-vis du pouvoir, l’opposition togolaise entend visiblement maintenir la pression et fédérer largement contre la 5e République.